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cement d’abord, ensuite à tour de bras, et pendant cette cérémonie, je lui tiens à-peu-près le discours suivant :

« S’il est un crime effrayant au monde, lui dis-je, c’est assurément celui de vouloir trancher les jours de l’être qui nous fait jouir des nôtres. Unique objet de sa tendresse et de ses sollicitudes, que de reconnaissance ne lui devons-nous pas ? peut-il être un devoir plus sacré pour nous, que celui de prolonger sa vie ? toute idée contraire à cela, ne peut être qu’un crime, dont l’être qui le conçoit doit être à l’instant puni du dernier supplice, et il n’en saurait exister d’assez grands pour une pareille horreur : nos ayeux furent des siècles avant même que de la pouvoir comprendre, et ce ne fut que dans des tems modernes qu’ils promulguèrent des loix pour réprimer le scélérat qui assassine son père ; le monstre qui peut oublier à ce point tous les sentimens de la nature, mérite qu’on invente des tourmens pour lui ; et tout ce qu’il est possible d’imaginer de plus cruel, me semble encore trop doux pour cette atrocité ; saurait-on trop effrayer celui qui porte la barbarie, l’ingratitude, l’abandon de tout devoir et de tout principe