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nous délectant, rempli le but de la nature.

Nous continuâmes notre visite des appartemens, et nous mîmes en pratique les principes que venait de me développer le géant. Les exécrations que nous y fîmes, m’épuisèrent tellement que je témoignai à Minski le désir de consacrer au repos le reste de la journée. Volontiers, me dit-il, je remettrai donc jusqu’à demain à vous faire voir deux pièces de ma maison que vous ne connaissez pas encore, et dont les dispositions et l’examen vous étonneront sans doute.

Je me retirai avec Sbrigani, et me trouvant seule avec l’unique compagnon de voyage qui me restait, mon ami, lui dis-je, ce n’est pas tout que d’être entré dans le palais du vice et de l’horreur, il faut en sortir. Ma confiance en l’ogre n’est pas assez entière, pour prolonger plus long-tems notre séjour chez lui. J’ai des moyens sûrs pour me défaire de ce personnage, après la mort duquel il nous serait bien facile de nous emparer de ses richesses et de fuir ; mais cet homme est trop nuisible à l’humanité, il est trop dans mes principes