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tion, il faut que tu changes de rôle avec moi ; si quelqu’autre te faisait un pareil aveu, tu lui applanirais, pour l’encourager, la carrière du crime ; tu lui prouverais qu’il n’y a pas de mal à tuer son père, et comme tu as beaucoup d’esprit, tes raisonnemens convaincraient bientôt. Je te conjure d’agir tout différemment ici ; enfermons-nous, tu me branleras ; pendant ce tems-là, tu me feras sentir toute l’horreur du crime dont il s’agit ; tu m’offriras les supplices qui attendent les parricides… tu m’effrayeras surtout, plus tu chercheras à me convertir, plus je m’affermirai dans l’idée du crime que je projette, et de ce combat, dont je sortirai victorieuse, naîtront pour moi, des mouvemens de volupté si violens, que mon délire n’aura plus de bornes.

Pour rendre délicieuse la scène que tu médites, répondis-je, il faut nécessairement y introduire des tiers, et non pas que je te branle, mais que je te corrige pendant ce tems-là… Il faudra que je te fouette… Oh ! tu as raison, mille fois raison, dit Olimpe ; tes conceptions sont plus délicates que les miennes ; mais quel tiers me donneras-tu ? — Mes deux femmes ; elles te su-