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femmes peuvent s’aimer ainsi ? — Et pourquoi pas ? plus est grande leur sensibilité, plus il leur est permis d’idolâtrer ce qui est beau, sous tel sexe qu’il puisse se présenter : les femmes sages fuient le commerce des hommes ; il est si dangereux… l’union qu’elles forment entre elles est si douce… ah ! ma chère Honorine, d’où vient que je ne pourrais pas être à-la-fois… votre amie… votre amant… votre époux ?… Folle créature, dit la duchesse, pourrais-je donc jamais être tout cela ? Eh ! oui, oui, poursuis-je avec chaleur, en la pressant dans mes deux bras ; oui, le dernier, sur-tout, je le serai, si tu veux, mon ange ; et ma langue enflammée se glisse dans sa bouche : Honorine reçoit ce baiser de l’amour, elle le reçoit sans se fâcher ; et quand j’essaie le second, c’est l’amour lui-même qui le rend ; la plus fraîche, la plus jolie petite langue vient frétiller sur mes lèvres brûlantes. Je deviens plus hardie ; écartant les gazes qui dérobent à mes yeux les plus beaux seins du monde, j’accable ces tetons d’albâtre des plus délicieuses caresses, ma langue en chatouille amoureusement le bouton de rose pendant que mes mains avides en éparpillent les lis. Honorine émue