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qu’il a balancé ; mais je le défie de me convaincre qu’il a été libre de prendre le parti opposé, du moment qu’il a pris celui-là : Je me modifie moi-même avec Dieu, continue cet auteur, je suis cause réelle de mon propre vouloir. Mais Fénelon n’a pas pris garde, en disant cela, que Dieu étant le plus fort, il le rendait cause réelle de tous les crimes ; il n’a pas pris garde non plus que rien ne détruisait plus sûrement la puissance de Dieu que la liberté de l’homme, car cette puissance de Dieu, que vous supposez et que je vous accorde un instant, n’est vraiment telle, que parce que Dieu a réglé toutes choses dès le commencement ; et c’est en conséquence de cette règle invariable, que l’homme ne doit plus devenir qu’un être passif, que ne peut rien changer au mouvement reçu, et qui, par conséquent, n’est pas libre ; s’il était libre, il pourrait à tout moment détruire ce premier ordre établi, et il deviendrait alors aussi puissant que Dieu : voilà ce qu’un partisan de la divinité, comme Fénelon, aurait dû considérer plus mûrement. Newton coulait légèrement sur cette grande difficulté, il n’osait ni l’approfondir, ni s’y engager ; Féne-