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claves de la nécessité, l’instant même où nous croyons avoir le mieux prouvé notre liberté, est celui où nous sommes le plus invinciblement entraînés : le flottement, l’incertitude, nous font croire à notre liberté, mais cette prétendue liberté n’est que l’instant de l’égalité des poids dans la balance : dès que le parti est pris, c’est que l’un des deux côtés s’est trouvé plus chargé que l’autre, et ce n’est pas nous qui sommes cause de l’inégalité, ce sont les objets physiques qui agissent sur nous et qui nous rendent le jouet de toutes les conventions humaines… les jouets de la force motrice de la nature, ainsi que le sont les animaux et les plantes : tout réside dans l’action du fluide nerval, et la différence d’un scélérat à un honnête homme ne consiste que dans le plus ou le moins d’activité des esprits animaux qui composent ce fluide. Je sens, dit Fénelon, que je suis libre, que je suis absolument dans la main de mon conseil : cette assertion gratuite est impossible à prouver. Qui assure à l’archevêque de Cambrai que, lorsqu’il se détermine à embrasser la doctrine douce de madame Guyon, il soit libre de choisir le parti contraire ? il pourra me prouver tout au plus