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vivre, et y mourir quand une fois il est adopté. Se trouver encore dans l’incertitude à cette époque, est se préparer une mort affreuse. Vous me direz peut-être que la crise, en dérangeant les organes, affaiblit aussi les systêmes. Oui, si ces systêmes sont ou nouvellement ou légèrement embrassés, jamais quand ils sont empreints de bonne heure, qu’ils ont été les fruits du travail, de l’étude et de la réflexion : parce qu’alors ils forment habitude, et que les habitudes ne nous quittent qu’avec la vie. Assurément, répondis-je, flattée de pouvoir faire connaître ma façon de penser aux libertins célèbres, devant lesquels j’étais ; et si le stoïcisme heureux, auquel je tiens comme vous, nous prive de quelques plaisirs, il nous épargne bien des peines, et il nous apprend à mourir. Je ne sais, continuai-je, si c’est parce que je n’ai que vingt-cinq ans, et que l’époque qui doit me rendre aux élémens dont je suis formée, est peut-être encore loin de moi, ou si ce sont réellement mes principes qui me soutiennent et qui m’encouragent ; mais c’est sans aucune terreur que j’apperçois la désunion des mollécules de mon existence. Bien fermement