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peur qu’ils ne s’opposent à nos vues. Reviens de cette erreur, dis-je à Sbrigani ; ces titres sont, au contraire, un moyen d’aiguillonner la luxure ; ils seront flattés d’avoir affaire à une femme de qualité, et je me ferai payer bien plus cher. Ah ! dit Sbrigani, ce n’est ici l’histoire que de quelques cent mille francs de plus ou de moins, et mes vues sont bien plus élevées. Pie VI a des trésors immenses, il faut bien lui en dérober une partie. — Il faut bien pour cela pénétrer dans ses appartemens ; et le puis-je sans un motif de libertinage. — Soit, mais il faut se presser de le faire naître, il faut s’introduire au Vatican le plutôt possible, il faut se hâter de dépouiller ce coquin-là. Sbrigani finissait à peine, qu’un écuyer du cardinal de Bernis m’apporta une lettre de son maître : c’était une charmante invitation de souper à la Villa-Albani, près Rome ; et c’était le cardinal de ce nom, qui m’attendait avec Bernis dans cette charmante campagne… Juliette, me dit Sbrigani, sachez profiter de cela, et troubliez jamais que le vol et l’excroquerie sont les uniques buts de notre voyage… Nous enrichir, voilà l’objet, et nous devenons très-coupables si nous le manquons ;