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Olimpe, épuisée, parla de se mettre à table : nous repassâmes dans un cabinet aussi voluptueusement meublé que magnifiquement éclairé : une superbe colation était servie sans ordre dans une grande corbeille de fleurs, qui paraissait jetée au milieu d’un vaste oranger couvert de fruits ; je voulus manger un de ces fruits ; ils étaient de glaces : tout le reste surprenait également, tout était marqué au coin du goût le plus délicat, et de la plus élégante somptuosité. Les filles seules nous servaient ; les jeunes gens, retirés derrière une décoration, ne nous charmaient plus alors que du son de leurs mélodieux instrumens.

Olimpe et moi, toutes deux ivres de lubricité, le fûmes bientôt de vins et de liqueurs ; allons, dis-je toute étourdie à ma compagne, allons terminer par une infâmie. — Ordonne, je suis prête à tout. — Immolons une de ces filles. Celle-ci, me dit Olimpe en me présentant la plus jolie des cinq. — Quoi ! tu consens ? — Et pourquoi ne t’imiterais-je pas, crois-tu que le meurtre m’effraye ?… ah ! tu verras si je suis digne d’être ton écolière ; et nous rentrâmes avec cette victime dans la salle que nous venions