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nis l’une et l’autre de ces passions, et tu verras ce qu’on retire de toutes deux. — Oh ! Juliette, l’étincelle que tu viens de jeter dans mon âme, l’électrise : tu viens à la fois, d’un seul mot, d’éveiller mille idées… Ah ! je n’étais qu’un enfant, je n’avais rien conçu, tu me le prouves.

Alors j’expliquai à madame de Borghèse tout ce qu’un être libertin pouvait retirer de l’union de la cruauté et de la luxure, et je lui développai, sur cette matière, tous les systêmes que vous connaissez déjà, mes amis, et que vous mettez si bien en pratique ; elle me comprit à merveille, sa tête s’égara et la coquine me jura que nous ne nous quitterions point sans avoir exécuté toutes deux quelques-unes de ces voluptueuses horreurs. Oh mon amour ! me dit-elle, toute en feu, je le sens, il doit être divin de priver un être semblable à nous, du trésor de l’existence, le plus précieux de tous pour les hommes. Anéantir… briser les liens qui attachent cet être à la vie, et cela dans la seule vue de se procurer un prurit agréable… dans l’unique motif de décharger plus délicieusement… Oh ! oui, oui, ce choc sur la masse des nerfs, produit par l’effet de la