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res ; et ceux que j’exigerais de toi, seraient des crimes gratuits. Eh, le crime n’est-il pas assez délicieux par lui-même, pour qu’on le commette sans objet ; est-il donc besoin de prétexte pour le commettre ; et le sel piquant, dont il est empreint, ne suffit-il pas seul à aiguilloner nos passions ? Je ne veux pas, mon ange, qu’il soit une seule sensation au monde, que tu n’ayes éprouvée ; avec la tête que tu as, tu serais désolée de savoir qu’il existe une sorte de plaisir, que tu ne te sois pas procurée. Persuade-toi qu’il n’est rien sur la terre, qui n’ait été fait, rien qui ne se fasse tous les jours, et rien sur-tout qui puisse contrarier les loix d’une nature… qui ne nous inspire jamais le mal que quand elle a besoin que nous le fassions… Explique-toi Juliette, me dit Olimpe toute émue… De quel sentiment, répondis-je, ton âme brûlait-elle, lorsque tu fis mourir ton mari ? — Vengeances… dégoût… ennui, ardent désir de briser mes freins. — Et la lubricité ne te parlait pas. — Je ne l’interrogeai point, elle ne se fit point entendre, — Et bien si tu commets encore quelques crimes semblables, ose l’interroger en agissant. Que le flambeau du crime s’allume à celui de la lubricité ; réu-