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qui tombaient malades ; si l’incommodité devient grave, me dit Minski, en ouvrant une des fenêtres de cette salle, voici où je les place ; mais quel fut notre étonnement, de voir la cour où donnait cette fenêtre, remplie d’ours, de lions, de léopards et ce tigres. Certes, dis-je, en voyant cet horrible lieu, voilà des médecins qui doivent promptement les tirer d’affaire. — Assurément : il ne faut qu’une minute pour les guérir en ce lieu ; j’évite par-là le mauvais air ; de quelle utilité d’ailleurs, peut être à la luxure une femme flétrie, corrompue par la maladie ; j’épargne des frais au moyen de ce procédé ; car vous conviendrez, Juliette, qu’une femme malade ne vaut pas ce qu’elle coûte : la même loi s’exécutait pour les autres sérails ; Minski visite les malades, six trouvées seulement un peu plus mal que les autres, sont impitoyablement arrachées de leur lit, et précipitées dans la ménagerie sous nos yeux où elles sont dévorées en moins de trois minutes ; tel est, me dit tout bas Minski, l’un des supplices qui irrite le plus mon imagination. Je t’en livre autant, mon cher, dis-je au géant, en dévorant ce spectacle de mes yeux ; mets ta main là,