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La duchesse Grillo, plus modeste, plus jeune, plus belle et plus sage, m’offrait un port de reine, de la pudeur, de la retenue, moins de vivacité, peu d’imagination, mais infiniment plus de tendresse, de vertu et de sensibilité. Également éprise de ces deux femmes, il était donc tout simple, d’après le tableau que j’en fais, que si l’une échauffait vivement ma tête, l’autre triompha seule de toutes les affectations de mon cœur.

Au bout de huit jours de connaissance, la princesse me pria à souper dans sa petite maison près de Rome ; Nous serons seuls, me dit-elle. Tu me parais une femme délicieuse, ma chère comtesse, et je veux absolument me lier avec toi. Vous jugez facilement qu’avec de telles avances tout cérémonial fut bientôt banni. Il faisait excessivement chaud après un souper aussi abondant que voluptueux qui nous avait été servi par cinq filles charmantes dans un cabinet de roses et de jasmins, environné de cascades dont l’agréable murmure et la douce fraîcheur réunissaient tous les charmes de la nature à tous les attraits de l’art, la duchesse, éclairée par ses nymphes, m’en-