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vraiment excessif ; et toujours aux ordres de ma tête, une fois en train, il devenait impossible de le lasser ; mais pour l’allumer plus sûrement, je commençais à desirer l’usage du vin et des liqueurs, et lorsqu’une fois ma tête était prise, il n’était plus d’excès ou je ne me portasse ; j’employais aussi l’opium et les autres stimulans d’amour dont j’avais reçu les indications chez la Durand, et qui, dans l’Italie, se vendent ouvertement et avec profusion. On ne doit jamais craindre d’irriter ses appétits lascifs par de tels moyens ; l’art sert toujours mieux que la nature, et le seul inconvénient qui résulte d’en avoir essayé une fois, est l’obligation de continuer toute sa vie.

Deux femmes s’offraient à moi dès mon arrivée dans Rome ; l’une la princesse Borghèse ; celle-là ne fut pas deux jours à me laisser lire dans ses yeux, tout le desir qu’elle avait que nous nous connussions plus étroitement. Trente ans, de la vivacité, des traits piquans, de l’esprit, du libertinage ; des yeux pleins d’ame, la plus jolie taille, les plus beaux cheveux, de l’imagination, des prévenances : voilà ce que me présentait la première.