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cule que celle dans laquelle nous avons eu le malheur de naître. Rien n’est superbe comme l’autel isolé qui s’élève entre quatre colonnes, torses aux trois quarts et demi de l’église, sur le tombeau même de Saint-Pierre, qui pourtant ne parut ni ne mourut jamais à Rome. Oh ! quel sopha pour se faire enculer ! dis-je à Sbrigani ; va, laisse-moi faire ; dans moins d’un mois, Juliette recevra sur cet autel magnifique, le modeste vit du vicaire de Jésus ; et vous allez voir, mes amis, si mes prédictions furent justes.

En arrivant à Rome, je crus devoir jouer un tout autre rôle qu’à Florence. Munie de quelques lettres de recommandation que j’avais obtenues du grand duc, je profitai du titre de comtesse que je l’avais prié de me donner dans ces lettres, et comme j’avais de quoi le soutenir, je pris une maison faite pour l’étayer. Mon premier soin fut de placer mes fonds ; Le vol énorme fait chez Minski, celui de madame de Donis, les cinq cents mille francs du fidéi-commis, tout me forma, avec ce que j’avais, huit cent mille livres de rente ; fortune, comme on voit, assez considérable, pour que ma maison put rivaliser avec celles des plus