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je n’ai plus besoin de feindre… et la malheureuse est bientôt réunie à sa mère ; dès qu’il est nuit, je fais monter ces deux victimes dans le salon préparé par madame de Donis, pour les horreurs qu’elle méditait. Aglaé raffermie, sermonée par moi, s’amuse du spectacle ; l’état où elle voit sa grand-mère, ne l’attendrit pas plus que celui où sa mère paraît à ses yeux ; j’avais eu l’adresse de lui faire comprendre que la comtesse n’avait agi dans tout cela, que d’après les instigations de cette vieille, et le supplice commença.

Je suivis l’idée de la comtesse ; mais au lieu d’être l’agente, la malheureuse fut la patiente ; couchées, sa fille et moi dans le fond d’une baignoire, et nous branlant toutes deux, Sbrigani nous arrosa du sang des deux mères ; il le faisait couler par mille plaies différentes : ici je puis dire, à l’honneur d’Aglaé, que son courage et sa fermeté ne se ralentirent pas un instant ; passant avec rapidité du plaisir à l’extase, la fin de l’opération fût la seule borne de son délire, et la scène fut longue ; on n’a pas d’idée des rafinemens qu’inventa Sbrigani, pour prolonger les supplices ; le monstre les cou-