et que nous enchaînons par la force, bien plus que par la raison. Voyons-nous le chien ou le pigeon, reconnaître sa compagne quand il en a joui ? Si l’amour l’enflâme un instant, cet amour n’est que le besoin, et sitôt qu’il est satisfait, l’indifférence ou le dégoût, succède jusqu’au moment d’un nouveau desir ; mais ce ne sera plus avec la même femelle ; toutes celles qui se rencontreront, deviendront, tour-à-tour, l’objet des vœux du mâle inconstant ; et s’il s’élève une dispute, la favorite de la veille sera sacrifiée comme le rival du jour. Ah ! ne nous éloignons pas de ces modèles plus rapprochés que nous de la nature ; ils en suivent bien mieux les loix ; et si nous avons reçu quelques sens de plus qu’eux, c’est pour rafiner leurs plaisirs. Du moment que la femelle de l’homme n’a au-dessus de l’animal, précisément que ce qui forme ses défauts, pourquoi voulons-nous adorer dans elle, cette portion qui ne l’en distingue, que pour l’humilier ? Aimons le corps, comme fait l’animal ; mais n’ayons aucuns sentiments pour ce que nous croyons être distinct du corps, puisque c’est positivement là que se trouve ce qui contrebalance le
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