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Dès que nous fûmes levés, Saint-Fond toujours plus enchanté de moi que jamais, me donna un bon de huit cents mille francs, à prendre sur-le-champ au trésor royal, et il emmena son ami.

L’histoire de cette première partie, fut à-peu-près celle de toutes les autres, aux épisodes près que ma fertile imagination avait soin de varier sans cesse ; Noirceuil se trouvait presque à toutes, mais je n’y avais point encore vu d’étrangers, que le prince.

Il y avait trois mois que je conduisais cette barque immense, avec tout le succès possible, lorsque Saint-Fond m’annonça que j’avais pour le lendemain un crime ministériel à commettre. Cruels effets de la plus barbare politique ! Oh, mes amis ! devineriez-vous quelle était cette victime ? Le père même de Saint-Fond, vieillard de soixante-six ans, respectable sous tous les rapports ; il le barrait dans ses travers, craignant qu’ils ne le perdissent ; il le desservait même à la cour, afin de le contraindre à laisser là le ministère, croyant, avec bien de la raison, qu’il serait plus avantageux pour ce fils scélérat de quitter lui-même, que d’être renv-