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nous pouvons remettre à un autre tems l’entrevue qu’il desire ; et j’entraîne mes deux convives au jardin, où tout était préparé pour les recevoir ; le prince oublie ses effets, revêt l’habit que je lui présente, et ne pense plus qu’à de nouveaux plaisirs.

Il faisait une soirée délicieuse, nous étions sous un bosquet de lilas et de rose, magiquement éclairé, assis tous trois dans des trônes soutenus par des nuages desquels s’exhalaient les parfums les plus délicieux ; le centre était occupé par une montagne des fleurs les plus rares, parmi lesquels étaient les jattes du Japon, et les couverts d’or qui devaient nous servir. À peine fûmes-nous placés que le haut du bosquet s’ouvrit, et nous vîmes aussitôt paraître sur un nuage de feu, les furies tenant enchaînées avec leurs serpens les trois victimes qui devaient s’immoler à ce repas. Elles descendirent du nuage, attachèrent chacune celle qui lui était confiée, à des arbustes près de nous, et se préparent à nous être utiles. Ce repas sans ordre, ne devait être servi qu’à la volonté des convives ; on demandait ce qui passait par la tête, les furies le servaient sur-le-champ ; plus de quatre-vingt plats de difé-