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à peine avait-elle quatorze ans et ressemblait à l’amour même ; je le priai de la réunir à nous. Elle n’est pas ici, me dit-il, je ne vous aurais pas laissé former ce desir, si elle y eût été. Vous en avez donc joui, lui dis-je, avant que de la donner à Noirceuil ? Assurément, me répondit-il, je serais bien fâché d’avoir laissé prendre à d’autres d’aussi délicieuses prémices. — Et vous ne l’aimez donc plus ? — Je n’aime rien, moi, Juliette ; mous n’aimons rien, nous autres libertins. Cette enfant m’a fait beaucoup bander ; elle ne m’excite plus à présent, parce que j’en ai trop fait avec elle ; je la donne à Noirceuil, qu’elle échauffe beaucoup ; tout cela est affaire de convenance. — Mais quand Noirceuil en sera las ? — Eh bien ! tu connais le sort de ses femmes ; je lui aiderai vraisemblablement ; tout cela est bon ; tout cela est bien fort ; c’est ce que j’aime… Et il bandait extraordinairement. Monseigneur, lui dis-je, il me semble que si j’étais en place, il y aurait de certains momens où j’aimerais beaucoup à abuser de mon autorité. — En bandant, n’est-ce pas ? — Oui. — Je le pense. — Oh ! monseigneur, sacrifions quelques innocent ; cette idée me tourne la tête : je le