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voilà les vices que doit adopter celui qui veut lui plaire, sans néanmoins aucun espoir d’y réussir ; car le mal qui nuit toujours, le mal qui est l’essence de Dieu, ne saurait être susceptible d’amour ni de reconnaissance. Si ce Dieu centre du mal et de la férocité, tourmente et fait tourmenter l’homme par la nature et par d’autres hommes pendant tout le tems de son existence, comment douter qu’il n’agisse de même, et peut-être involontairement sur ce souffle qui lui survit, et qui, comme je viens de vous le dire, n’est autre chose que le mal lui-même ; mais comment, allez-vous m’objecter, le mal peut-il être tourmenté par le mal ? parce qu’il s’augmente en retombant sur lui-même, et que la partie admise doit nécessairement être écrasée par la partie qui admet ; cela, par la raison qui soumet toujours la faiblesse à la force. Ce qui survit de l’être naturellement mauvais, et ce qui doit lui survivre, puisque c’est l’essence de sa constitution, existante avant lui, et qui existera nécessairement après, en retombant dans le sein du mal, et n’ayant plus la force de se défendre, parce qu’il deviendra le plus faible, sera donc