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il ne faut pas approcher une bête venimeuse, quand elle éprouve les crises de la mort. Cependant Noirceuil piqué, veut tirer vengeance de l’insulte ; il machine de nouveaux supplices, lorsque Saint-Fond s’y oppose, en assurant son ami que tout ce que l’on pourrait faire maintenant à la victime ne servirait qu’à troubler l’examen que l’on se proposait, des effets du venin. Eh ! messieurs, m’écriai-je, ce n’est pas tout cela qu’il faut à madame, elle n’a dans ce moment-ci besoin que d’un confesseur. Qu’elle aille au diable, la putain, dit Noirceuil que Lolotte suçait en ce moment ; oui, oui, qu’elle aille à tous les diables ; si j’ai jamais désiré un enfer, c’est dans l’espérance d’y savoir son ame, et de porter jusqu’à mon dernier soupir l’idée délicieuse que les plus vives douleurs ne sauraient avoir de fin pour elle ; cette imprécation parut décider la dernière crise ; madame de Noirceuil rendit l’ame, et nos trois coquins déchargèrent en blasphêmant comme des scélérats.

Voilà une des meilleures actions que nous ayons fait de notre vie, dit Saint-Fond, en pressant son vit pour en exprimer jusqu’à la dernière goutte de foutre ; il y avait long-