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attend après cette vie ; et si nous sommes parvenus à en passer tous les instans au centre des plaisirs, bien que cette manière d’exister ait pu troubler tous les hommes, toutes les conventions sociales ; assurément, si nous nous sommes mis à l’abri des loix, ce qui est la seule chose essentielle, alors, très-certainement, nous serons infiniment plus heureux, que l’imbécille qui, dans la crainte des châtimens d’une autre vie, se serait interdit rigoureusement dans celle-ci, tout ce qui pouvait lui plaire et le délecter ; car il est infiniment plus essentiel d’être heureux dans cette vie, dont nous sommes sûrs, que de renoncer au bonheur certain qui s’offre à nous, dans l’espoir d’en obtenir un imaginaire dont nous n’avons et ne pouvons avoir la plus légère idée. Eh ! quel a pu être l’individu assez extravagant pour essayer de persuader aux hommes qu’ils peuvent devenir plus malheureux après cette vie, qu’ils l’étaient avant que de l’avoir reçue ? sont-ce donc eux qui ont demandé à y venir ? sont-ce eux qui se sont donné les passions, qui, selon votre affreux systême, les précipitent dans des tourmens éternels ? Eh ! non, non ; ils n’étaient les maîtres de rien, et il