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supposeraient pas cruelle ; et s’ils ne la croyaient pas cruelle, ils n’imagineraient pas qu’elle fût capable de les punir par des tourmens infinis, ou même qu’elle put consentir que les ouvrages de ses mains fussent éternellement privés du bonheur.

Pour éluder la force de cet argument, les partisans du dogme de la damnation éternelle, disent que le malheur des réprouvés n’est point un châtiment arbitraire de la part de Dieu, mais une conséquence du péché et de l’ordre immuable des choses. Et d’où le savez-vous, leur demandai-je à cela ? Si vous prétendez que l’écriture vous en instruit, vous vous trouverez bien embarrassés quand il s’agira de le prouver ; et si vous parveniez à y rencontrer un seul passage qui en parle, que de choses ne vous demanderais-je pas à mon tour pour me convaincre de l’authenticité, de la sainteté, de la véracité du prétendu passage que vous aurez trouvé en votre faveur. Est-ce la raison qui vous a suggéré ce dogme atroce ? Dites-moi, dans ce cas, comment vous réussissez à l’allier avec l’injustice d’un Dieu qui forme une créature, quoique bien certain que les décrets immuables des choses doivent