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grande partie d’entr’eux a douté de ce dogme ; et si l’autre a paru y ajouter foi, il est aisé de voir dans quel motif. Le dogme de l’enfer était un joug, un lien de plus dont les prêtres voulaient surcharger les hommes ; on connaît l’empire de sa terreur sur les ames faibles, et on sait que la politique a toujours besoin de la terreur dès qu’il s’agit de subjuguer.

Mais ces livres prétendus saints que vous me citez, nous viennent-ils d’une source assez pure, pour ne pouvoir rejeter ce qu’ils nous offrent ? Le plus simple examen suffit à nous convaincre que bien loin d’être, comme on ose nous le dire, l’ouvrage d’un Dieu chimérique qui n’a jamais écrit ni parlé, ils ne sont, au contraire, que celui d’hommes faibles et ignorans, et que, sous ce rapport, nous ne lui devons que de la méfiance et du mépris ; mais à supposer que ces écrivains eussent quelque bon sens, quel serait, je vous prie, l’homme assez niais pour se passionner en faveur de telle ou telle opinion, seulement parce qu’il l’aurait trouvée dans un livre ? Sans doute il peut l’adopter ; mais y sacrifier le bonheur et la tranquillité de sa vie, je le ré-