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La troisième base de ce dogme épouvantable, est sa nécessité pour contenir les pêcheurs et les incrédules.

Si la justice et la gloire de Dieu exigeaient qu’il punit les pêcheurs et les incrédules par des tourmens éternels, il n’est pas douteux que la justice et la raison exigeraient aussi qu’il fût au pouvoir des uns de ne point pêcher, et au pouvoir des autres de n’être point incrédules ; or, quel est l’être assez absurde pour supposer que l’homme soit libre ; quel est celui qui s’aveugle au point de ne pas voir, qu’entraîné dans toutes nos actions, nous ne sommes les maîtres d’aucune, et que le Dieu dont nous tenons ces chaines, serait, à supposer son existence, ce que je ne fais ; comme vous le voyez, qu’avec dégoût ; serait, dis-je, le plus injuste et le plus barbare des êtres, s’il nous punissait de devenir malgré nous victimes des travers dans lesquels sa main inconséquente nous plonge avec plaisir. N’est-il donc pas clair que c’est le tempérament que la nature donne aux hommes, que ce sont les différentes circonstances de sa vie, son éducation, ses sociétés, qui déterminent ses actions, et sa direction vers