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mettre en danger son pouvoir, ni troubler sa félicité : d’un autre côté, les supplices de l’autre vie, seraient inutiles aux vivans, qui n’en peuvent être les témoins ; ils seraient inutiles aux damnés, puisqu’en enfer on ne se convertit pas, et que le tems de la prétendue miséricorde de ce Dieu n’existe plus ; d’où il suit, que Dieu, dans l’exercice de sa vengeance éternelle, n’aurait d’autre but que de s’amuser, et que d’insulter à la faiblesse de ses créatures ; et votre infâme Dieu, agissant plus cruellement qu’aucun homme, et sans aucun motifs, comme les hommes, devient donc, par cela seul, infiniment plus traître, plus fourbe et plus scélérat qu’eux.

Allons plus loin, dit Clairwil, je vais analiser, si l’on veut, avec plus de détail, ce dogme effroyable de l’enfer ; je suis en état de le combattre assez victorieusement, pour qu’il ne reste plus la moindre trace de son adoption dans l’esprit crédule de notre ami. Voulez-vous m’entendre…… Assurément, répondîmes-nous ; et voici comme cette femme, pleine d’esprit et d’érudition, s’expliqua sur cette importante matière.

Il est des dogmes qu’on est quelquefois