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me semble que votre procédé est profondément illégal, sous tous les rapports. Est-il vraisemblable, premièrement, que deux femmes, madame et moi (celles-ci nous servent), que deux femmes, dis-je, soient assez initiées des secrets du ministre, pour être instruites d’un événement semblable à celui dont vous nous parlez ? Croyez-vous que si les personnes que vous réclamez avaient encouru les disgraces de la cour, et que la justice ou le ministère eussent été contraints de sévir, croyez-vous, de bonne foi, que l’on nous eût rendu les témoins d’une semblable exécution ? et le tems qu’il y a que nous sommes à la maison du ministre, ne vous prouve-t-il pas qu’assurément ce ne peut être pendant ces jours-ci, que s’est passé là l’événement dont vous parlez ; au surplus, messieurs, nous n’avons que nos paroles d’honneur à vous donner, mais nous vous les offrons, pour gages de la profonde ignorance où nous sommes du sort de ceux dont il s’agit. Non, messieurs, nous vous le protestons, nous n’avons jamais rien ouï dire d’eux, et si vous êtes justes, et que vous n’ayez pas autre chose à nous dire, vous nous rendrez à l’instant une liberté, que vous n’avez pas le droit de nous ravir.