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mord le teton de]a nourrice… qui brise à tout instant son hochet, nous fait voir que la destruction, le mal et l’oppression sont les premiers penchans que la nature a gravé dans nos cœurs, et auxquels nous nous livrons avec plus ou moins de violence, en raison du degré de sensibilité dont nous sommes doués ; il est donc bien certain que tous les plaisirs qui peuvent flatter l’homme, toutes les délices qu’il peut goûter, tout ce qui délecte le plus souverainement ses passions se trouvent essentiellement dans le despotisme dont il peut grever les autres. La voluptueuse Asie, en enfermant avec soin les objets de ses jouissances, ne nous démontre-t-elle pas que la luxure gagne à l’oppression et à la tyrannie, et que les passions s’enflâment bien plus fortement de tout ce qui s’obtient par la contrainte, que de ce qui s’accorde de plein gré : dès qu’il est démontré que c’est en raison de la violence de l’action commise, que doit se mesurer la somme du bonheur de celui qui agit, et cela parce que plus cette dose est forte et plus elle ébranle le systême nerval, dès que, dis-je, cela est démontré, la plus grande dose de bonheur possible consistera donc dans le