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qu’en les divisant, que les peuples secoueront le joug. Rien n’assouplit le peuple comme les craintes religieuses ; il est bon qu’elles lui fassent redouter d’éternels supplices, s’il se révolte contre son roi ; et voilà d’où vient que les puissances de l’Europe vivent toujours en bonne intelligence avec Rome ; nous autres grands de la terre méprisons et bravons ces foudres fabuleuses du méprisable Vatican. Mais faisons les craindre à nos esclaves ; c’est, encore une fois, l’unique moyen de les maintenir sous le joug. Nourris des principes de Machiavel, je voudrais que la distance des rois aux peuples fût comme celle de l’astre des cieux à la fourmi, qu’il ne fallut qu’un geste à un souverain pour faire ruisseler le sang autour de son trône, et que vu comme un dieu sur la terre, ce ne fut jamais qu’à genoux que ses peuples osassent l’approcher ; quel est donc l’être assez imbécille pour comparer le physique… oui, le physique seul d’un monarque à celui d’un homme du peuple ; je veux croire que la nature leur a donné les mêmes besoins ; et le lion aussi a les mêmes besoins que le vermisseau ; se ressemblent-ils pour cela ? Oh Juliette ! souviens-toi que si