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a été garçon jusqu’à la mort de son père ; il en exerce aujourd’hui la place ; c’est un garçon qui ne manque pas d’esprit, mais il est excessivement libertin ; et comme je viens de vous le dire, il n’était pas de tournure à inspirer une grande confiance. Il faut maintenant que je vous instruise de l’existence des prisonniers auxquels nous allons donner la mort.

M. de Cloris est un des hommes de France qui a le plus contribué à mon avancement ; l’année que je fus élevé au ministère, quoique fort jeune encore, il couchait avec la duchesse de G***, dont le pouvoir était immense à la cour, et ce fut réellement par les cabales et les intrigues de tous deux, que le roi me donna la place que j’occupe. De ce moment, Cloris devint pour moi un objet d’horreur ; je craignais de le rencontrer ; je le détestai ; tant que sa protectrice vécut, je le ménageai ; elle vient de mourir… par mes soins, peut-être ; de ce moment Cloris fut à la tête de ma liste de proscription ; il avait épousé ma cousine germaine. — Oh ! monseigneur, quoi : cette femme est votre cousine ? — Assurément, Juliette, et ce véhicule de plus n’a pas peu