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Charmante… charmante ! Amusons-nous maintenant, mademoiselle, votre libertinage me fait bander… Permettez, cependant, que je vous mette au fait, avant tout, d’une formule dont il est essentiel que vous ne vous éloigniez point ; je vous préviens qu’il ne faut jamais vous écarter du profond respect que j’exige, et qui m’est dû à bien plus d’un titre ; je porte, sur cela, l’orgueil au dernier point ; vous ne m’entendrez jamais vous tutoyer ; imitez-moi, ne m’appelez, surtout, jamais autrement que monseigneur ; parlez à la troisième personne, tant que vous pourrez, et soyez toujours, devant moi dans l’attitude du respect ; indépendamment de la place éminente que j’occupe, ma naissance est des plus illustres, ma fortune énorme et mon crédit supérieur à celui du roi même ; il est impossible de n’avoir pas beaucoup de vanité quand on en est l’homme puissant qui, par une fausse popularité, consent à se laisser approcher de trop près, s’humilie et se ravale bientôt ; la nature a placé les grands sur la terre comme les astres au firmament ; ils doivent éclairer le monde et n’y jamais descendre ; ma fierté est telle que je voudrais n’être servi qu’à