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ces principes, et que s’ils ont pu faire tout ce qu’ils ont fait d’atroce, sans en frémir, ce n’était, bien sûrement, que parce qu’ils étaient parvenus à allumer la volupté au flambeau de leurs crimes. — C’était des monstres, m’objectent les sots ! — Oui, selon nos mœurs et notre façon de penser ; mais relativement aux grandes vues de la nature sur nous, ils n’étaient que les instrumens de ses desseins ; c’était pour accomplir ses loix qu’elle les avait douée de ces caractères féroces et sanguinaires. Ainsi, quoiqu’ils parussent faire beaucoup de mal suivant les loix humaines, dont le but est de conserver l’homme, ils n’en faisaient pourtant aucun selon celles de la nature, dont le but est de détruire, pour le moins, autant qu’elle crée ; au contraire, ils faisaient un bien réel, puisqu’ils remplissaient ses vues ; d’où il résulte que l’individu qui aurait un caractère semblable à celui de ces prétendus tyrans, ou celui qui parviendrait à y monter le sien, non-seulement s’éviterait de grands maux, mais pourrait même trouver, dans l’accomplissement de ses systêmes, la source d’une volupté très-forte à laquelle il pourrait se livrer avec d’autant