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jours bien moindres que ceux qui naîtraient de sa trop grande sensibilité ; les crimes commis dans le cas de l’endurcissement de la partie sensitive, le seront toujours de sang-froid, et par conséquent l’élève que nous supposons, aura le tems d’en cacher et d’en combiner les suites, au lieu que ceux commis dans l’effervescence, l’entraîneront sans qu’il ait le tems d’y parer, dans les derniers excès de l’infortune. Les premiers seront peut-être plus sombres, mais ils seront aussi plus secrets, parce que le flegme avec lequel ils seront commis, donnera le loisir de les arranger sans devoir en craindre les suites ; les autres au contraire, commis à visage découvert et sans réflexion, meneront leur auteur à l’échafaud ; et ce n’est pas parce que votre élève devenu homme, commette ou ne commette pas de crimes que vous devez vous attacher, parce que dans le fait le crime est un accident de la nature, dont l’homme est l’instrument involontaire, dont il faut qu’il soit le jouet en dépit de lui-même, quand ses organes les contraignent : mais vous devez vous attacher à ce que cet élève commette le délit le moins dangereux eu égard aux loix du pays qu’il