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le mouvement que la nature a mis en moi, la direction qu’elle m’a fait prendre, et qu’en un mot, en vous contraignant à mes voluptés dures et brutales, les seules qui parviennent à me faire arriver au comble du plaisir, j’agis par les mêmes principes de délicatesse que l’amant efféminé qui ne connaît que les roses d’un sentiment dont je n’admets que les épines ; car je vous fais, en vous tourmentant… en vous déchirant, ce qui seul m’émeut, comme lui fait en enconnant tristement sa maîtresse, ce qui seul le remue agréablement ; mais cette délicatesse efféminée je la lui laisse ; parce qu’il est impossible qu’elle puisse émouvoir des organes construits aussi fortement que les miens ; oui, mes amis, poursuivit Noirceuil, soyez sûrs qu’il est impossible que l’être véritablement passionné pour les voluptés de la luxure, puisse vraiment y mêler la délicatesse, qui n’est que le poison de ces plaisirs, et qui suppose un partage impossible à qui veut bien jouir ; toute jouissance partagée s’affaiblit. C’est une vérité reconnue ; essayez de faire jouir l’objet qui sert à vos plaisirs, vous ne tarderez pas à vous appercevoir que c’est à vos dépens ; il n’y a