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doute de la majesté de ce dieu, le peuple témoin de sa grandeur, que ne doivent point admettre les descendans de ceux qui ont tout vu. Mais plus incrédules que leurs pères, l’idolâtrie culbute en peu d’années les autels chancelans du dieu de Moïse, et les malheureux juifs opprimés, ne se souviennent de la chimère de leurs ancêtres que quand ils recouvrent leur liberté ; de nouveaux chefs leur en parlent alors, malheureusement les promesses qu’ils leur font ne s’accordent pas avec les évènemens : les juifs, selon ces nouveaux chefs, devaient être heureux tant qu’ils seraient fidèles au Dieu de Moïse ; jamais ils ne le respectèrent davantage, et jamais le malheur ne les opprimât plus durement. Exposés à la colère des successeurs d’Alexandre, ils n’échappent aux fers de ceux-ci que pour retomber sous ceux des Romains, qui, las enfin de leur perpétuelle révolte, culbutent leur temple et les dispersent ; et voilà donc comment leur Dieu les sert ! Voilà comme ce Dieu, qui les aime, qui ne trouble qu’en leur faveur l’ordre sacré de la nature, voilà comme il les traite, voilà comme il leur tient, ce qu’il leur a promis.