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me dois rien, encore une fois, j’aime le mal, je lui soudoye des agens, tu vois bien que je ne suis qu’égoïste ici, comme dans toutes les autres occasions de ma vie. — Mais il faudra que je reconnaisse tout ce que tu fais pour moi. — En commettant beaucoup de forfaits, et en ne m’en cachant aucun. — T’en cacher, jamais, ma confiance sera toute entière, tu seras maître de mes pensées comme de ma vie, il ne naîtra dans mon cœur, aucun desir qui ne te soit communiqué, aucune jouissance que tu ne partages… Mais, Noirceuil, j’ai encore une grace à te demander ; l’amie de celle de mes femmes qui m’a trahie en me présentant ce Lubin, excite puissament ma vengeance, je veux qu’en arrivant tu la fasses punir. Donne-moi son nom et son adresse, dit Noirceuil, et je te la garantis demain à l’hôpital pour le reste de ses jours. Nous descendîmes à l’hôtel ; voilà Juliette, dit Noirceuil en me présentant à sa femme, dont l’air fut froid et composé ; cette charmante créature, poursuivit mon amant, avait été victime de la calomnie, c’est la plus honnête fille du monde, et je vous prie, madame, de lui continuer les égards que vous lui devez à plus d’un titre.