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tu auras trouvé le moyen de la saisir, elle te conduira pas à pas d’écarts en écarts ; le dernier commis ne sera jamais qu’un acheminement à celui par lequel elle se prépara à se soumettre à toi de nouveau ; telle que la prostituée de Sibaris, qui se livre sous toutes les formes, et prend toutes les figures pour exciter les desirs du voluptueux qui la paie, elle t’apprendra de même cent façons de la vaincre, et tout cela pour t’enchaîner plus sûrement à son tour. Mais une seule résistance, je te le répète, une seule te ferait perdre tout le fruit des dernières en chûtes ; tu ne connaîtras rien si tu n’as pas tout connu, et si tu es assez timide pour t’arrêter avec elle, elle t’échappera pour jamais ; prends garde surtout à la religion, rien ne te détournera du bon chemin ; comme ses inspirations dangereuses, semblable à l’hydre dont les têtes renaissent à mesure qu’on les coupe, elle te fatiguera sans cesse, si tu n’as le plus grand soin d’en anéantir perpétuellement les principes. Je crains que les idées bizarres de ce dieu fantastique dont on empoisonna ton enfance, ne reviennent troubler ton imagination au milieu de ses plus divins écarts : ô Juliette, oublie-là,