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Noirceuil. — De l’épouse que je vous connais ? — Non, de ma première ; celle-ci est ma huitième, Juliette. — Et comment, avec les goûts que je vous connais, pûtes-vous jamais faire un enfant ? — J’en eus plusieurs, ma chère, ne t’étonnes pas de ce procédé, on surmonte quelquefois des répugnances, lorsqu’il en doit résulter des plaisirs. — Ah monsieur, je crois vous entendre — Je t’expliquerai tout cela, mon ange, mais il faudra que tu sois bien estimable à mes yeux, pour que je te prouve combien je le suis peu moi-même, — Homme charmant, m’écriai-je, vous ne me serez jamais plus cher que quand vous m’aurez convaincu du point auquel vous méprisez les préjugés vulgaires ; et plus de crimes vous dévoilerez à mes yeux, plus d’encens vous obtiendrez de mon cœur. L’irrégularité de votre tête fait tourner la mienne ; je n’aspire qu’à vous imiter. Ah sacredieu, s’écria Noirceuil en m’enfonçant sa langue dans la bouche, je ne vis jamais une créature plus analogue à moi ; je l’adorerais, je crois, si je pouvais aimer une femme… Tu veux m’imiter, Juliette, je t’en défie ; si l’intérieur de mon ame pouvait s’entr’ouvrir,