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être, à la vérité, proposé par le faible, put être sanctionné par lui, quand l’autorité sacerdotale s’est trouvée par hasard en ses mains, mais que son existence est frivole, et que nous ne devons nullement nous y assujétir.

Il est donc faux que les hommes soient frères, interrompis-je avec vivacité, il n’y a donc aucun espèce de lien réel, entre un autre être et moi, et la seule manière dont je doive agir avec cet individu, est donc de retirer de lui tout ce que je pourai, en lui donnant le moins possible ? Assurément, me répondit Noirceuil ; car on perd de lui ce qu’on lui donne, et l’on gagne à ce qu’on lui prend. La première loi, d’ailleurs, que je trouve écrite au fond de mon ame, n’est pas d’aimer, encore moins de soulager ces prétendus frères, mais de les faire servir à mes passions ; d’après cela, si l’argent, si la jouissance, si la vie de ces prétendus frères est utile à mon bien être, ou à mon existence, je m’emparerai de tout cela à main armée, si je suis le plus fort, tacitement si je suis le plus faible ; si je suis obligé d’acheter une partie de ces choses, je tâcherai de les avoir, en donnant de moi, le moins possible ;