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tême de la liberté, et l’on se dit : que je suis malheureux de n’avoir pas agi différemment ! Mais si l’on voulait bien se persuader que ce systême de la liberté est une chimère, et que nous sommes poussés à tout ce que nous faisons, par une force plus puissante que nous ; si l’on voulait être convaincu que tout est utile dans le monde, et que le crime dont on se repent est devenu aussi nécessaire à la nature, que la guerre, la peste ou la famine, dont elle désole périodiquement les empires, infiniment plus tranquilles sur toutes les actions de notre vie, nous ne concevrions même pas le remords, et ma chère Juliette ne me dirait pas que j’ai tort de mettre sur le compte de la nature, ce qui ne doit être que sur celui de ma dépravation.

Tous les effets moraux, poursuivit madame Delbène, tiennent à des causes physiques, auxquelles ils sont irrésistiblement enchaînés, c’est le son qui résulte du choc de la baguette sur la peau du tambour ; point de cause physique, c’est-à-dire point de choc, et nécessairement point d’effet moral, c’est-à-dire, point de son ; de certaines dispositions de nos organes, le fluide nerval plus ou moins irrité par la nature des atômes que