Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hommes. — Eh ! que fairais-tu, ma bonne ? — Que sais-je ; ignores-tu que les effets d’une imagination aussi dépravée que la mienne, sont comme les flots impétueux d’un fleuve qui se déborde, la nature veut qu’il fasse du dégât, et il en fait, n’importe comment ; ne mettrais-tu pas, dis-je à mon institutrice, sur le compte de la nature ce qui ne doit être que sur celui de la dépravation ? Écoute-moi, mon ange, me dit la supérieure, il n’est pas tard, nos amies ne doivent se rendre ici que sur les six heures, je veux répondre, avant qu’elles n’arrivent, à tes frivoles objections. Nous nous assîmes :

Comme nous ne connaissons les inspirations de la nature, me dit madame Delbène, que par ce sens intime que nous appelons conscience ; c’est en analisant ce qu’est la conscience, que nous pourrons approfondir avec sagesse ce que sont les mouvemens de la nature, qui fatiguent, tourmentent ou font jouir cette conscience.

On appelle conscience, ma chère Juliette, cette espèce de voix intérieure qui s’élève en nous à l’infraction d’une chose défendue, de quelque nature qu’elle puisse être,