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voilà son tort ; et le fort avec ce tort-là de moins, puisqu’il conserve son caractère, et n’agit que d’après lui, a donc également raison, quand il cherche à dépouiller le faible, et à jouir à ses dépends ; que l’un et l’autre maintenant descendent un moment dans leurs cœurs ; le faible en se décidant à attaquer le fort, quelques puissent être ses droits, éprouvera un petit combat ; et cette résistance à se satisfaire, vient de ce qu’il veut outrepasser les loix de la nature, en se revêtissant d’un caractère qui n’est pas le sien ; le fort, au contraire en dépouillant le faible, c’est-à-dire en jouissant de tous les droits qu’il a reçu de la nature, en leur donnant toute l’extension possible, jouit en raison du plus ou moins de cette extension ; plus la lézion qu’il fait au faible est atroce, plus il est voluptueusement ébranlé ; l’injustice le délecte ; il jouit des larmes que son oppression arrache à l’infortuné ; plus il l’accable, plus il l’opprime, et plus il est heureux, parce qu’il fait alors un plus grand usage des dons qu’il a reçu de la nature, que l’usage de ces dons devient un besoin, et par conséquent une volupté. D’ailleurs cette jouissance nécessaire, qui naît