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que l’équilibre soit dans la nature, il ne faut pas que ce soit les hommes qui l’établissent ; le leur dérange celui de la nature ; ce qui nous paraît le contrarier à nos yeux est justement ce qui l’établit aux siens, et cela, par la raison que, de ce défaut d’équilibre, selon nous, résultent les crimes par lesquels l’ordre s’établit chez elle ; les forts s’emparent de tout ; voilà le défaut d’équilibre, eu égard à l’homme. Les faibles se défendent et pillent le fort ; voilà des crimes qui établissent l’équilibre nécessaire à la nature. N’ayons donc jamais de scrupules de ce que nous pourrons dérober au faible, car ce n’est pas nous qui faisons le crime, c’est la défense ou la vengeance du faible qui le caractérise : en volant le pauvre, en dépouillant l’orphelin, en usurpant l’héritage de la veuve, l’homme ne fait qu’user du droit qu’il a reçu de la nature. Le crime consisterait à n’en pas profiter : l’indigent, qu’elle offre à nos coups, est la proie qu’elle livre au vautour. Si le fort a l’air de troubler l’ordre en volant celui qui est au-dessous de lui, le faible le rétablît en volant ses supérieurs, et tous les deux servent la nature.

En remontant à l’origine du droit de pro-