Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 5, 1797.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entendre, toutes les lumières s’éteignent à la fois. Oh ciel ! qu’est-ceci, s’écrie l’intrépide abbesse, la seule de nous qui conserve son courage au milieu du bouleversement dans lequel nous sommes, Juliette… Volmar… Flavie… Mais tout est sourd, tout est interdit, personne ne répond ; et sans les détails que je reçus de notre supérieure le lendemain, évanouie moi-même, j’ignorerais peut-être encore l’origine de tout ce fracas. Un chat-huant caché dans ce caveau, en était la seule cause ; effrayé des lumières auxquelles ses yeux n’étaient pas accoutumés, il avait pris son vol, et l’air agité de ses ailes avait éteint ce qui l’affectait. Quand je repris l’usage de mes sens, je me retrouvai dans mon lit, et Delbène qui vint m’y voir, dès qu’elle sut que j’étais mieux, m’apprit, qu’après avoir rassuré les deux hommes presqu’aussi effrayés que nous, c’était avec leur aide qu’elle nous avait fait porter dans nos chambres, et que tout s’était éclairci. Je ne crois point aux événemens surnaturels, me dit Delbène, il n’y a jamais de causes sans effets, et le premier de mes soins, quand un effet me surprend, est de remonter sur-le-champ