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Un mari, au Pégu, méprise souverainement les premières faveurs de sa femme ; il les fait prendre par un ami, souvent même à l’étranger qu’il considère ; mais il n’en ferait pas de même pour les prémices d’un jeune garçon. Cette jouissance est, pour les habitans de ces pays, la plus délicieuse de toutes.

Les indiennes de Dariens se prostituent au premier venu. Si elles sont mariées, l’époux se charge de l’enfant : si elles sont filles, ce serait un déshonneur d’être grosses, et elles se font alors avorter, ou prennent, dans leur jouissance, des précautions qui les délivrent de cette inquiétude.

Les prêtres de Cumane ravissent la fleur des jeunes mariées ; l’époux n’en voudrait pas sans cette cérémonie préalable. Ce précieux bijou n’est donc qu’un préjugé national, ainsi que tant d’autres choses sur lesquelles nous ne voulons jamais ouvrir les yeux.

Combien de tems la féodalité usa-t-elle de ce droit dans plusieurs provinces de l’Europe, et particulièrement en Écosse ? Ce sont donc des préjugés que la pudeur… que la vertu…… que l’adultère.