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lepsie ; la jeune comtesse a besoin d’être gardée à vue ; elle n’a pas un instant de calme ; la mère de cette infortunée, peu riche, et couverte de biens par Gernande, n’ose rien vérifier ; l’opinion prévaut, on la maîtrise avec de l’argent ; et le libertin, en paix, jouit bientôt, avec cette nouvelle victime, des plaisirs qui le délectaient avec l’autre.

Ce fut dans l’intervalle de ces nouveaux nœuds, que Justine pensa à la fuite ; et certes elle l’eût exécutée sur-le-champ, si elle n’eût entrevu l’espoir d’être plus heureuse avec cette seconde maîtresse, qu’avec celle que venait de lui enlever la cruauté de ces monstres. Mademoiselle de Volmire, âgée de dix-neuf ans, bien plus belle et plus délicate encore que celle qui l’avait précédée, sut intéresser Justine à tel point qu’elle résolut de la sauver, quelques pussent en être les dangers. Il y avait environ six mois que le perfide Gernande assouplissait à ses infâmes caprices cette douce et charmante fille ; la saison allait ramener toute la bande infernale, et par conséquent les mêmes atrocités. Justine ne balança plus ; elle s’ouvrit à sa jeune maîtresse… lui témoigna avec tant de franchise le desir qu’elle avait de briser ses fers, que celle-ci lui donna toute sa confiance.