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veut me baloter éternellement ; j’étais ailleurs l’objet de beaucoup de crimes, sans participer à aucun chez d’Esterval, uniquement retenue par le desir ardent de faire triompher la vertu, je suis contrainte à partager tous les crimes, pour réussir à les empêcher. Une victime enfin échappe par mes soins ; c’est Bressac, c’est ce monstre qui m’accusa d’avoir poignardé sa mère… que lui seul put assassiner. Le fruit de mes peines est d’être conduite par lui chez un autre scélérat, où la main des furies même ne saurait tracer les horreurs dont sa rage sut m’environner. J’essaye de sauver la première des épouses de cet homme, que je trouve chez lui ; je n’y réussis pas : je veux au moins faire évader la seconde ; c’est en me faisant risquer de périr moi-même de la plus lente des morts, que la fortune paye cette action. Je rencontre chez cet infâme époux un autre antropophage, qui me propose de distribuer des poisons ; je le refuse ; il me précipite dans une marre d’eau. Je retrouve celui que ma bonté sauva d’une troupe de voleurs… qui me viola pour récompense. Plongée dans la misère, j’implore sa pitié ; il ne met ses services qu’au prix de la plus coupable des médiations… il veut que je lui suborne des