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caprice échauffe toutes les têtes : hommes, femmes, jeunes garçons, tout s’y arrange, tout s’y fait foutre ; et tous, armés d’une flèche, piquent, égratignent le malheureux corps suspendu sur leurs têtes, afin de redoubler sur le leur les flots de sang dont ces scélérats aiment à s’inonder. Justine est enfin descendue, mais inanimée. Son triste individu n’est plus qu’une masse informe que d’affreuses plaies cicatrisent… elle est sans connaissance. Qu’en ferons-nous, dit alors Cardoville ? Il faut, dit Dolmus, laisser aller le cours de la justice ; elle mourra de même, et nous serons à l’abri de tout ; faisons la revenir, et qu’on la remène en prison. Il s’en fallait bien que Nicette et Zulma pensassent de la même manière ; uniquement livrées à leurs passions, elles demandaient impérieusement la mort de leur victime ; on la leur avait promise. Elles la voulaient ; leurs frères, plus prudens, les mirent à la raison. Elle mourra de même, dit Brumeton, et nous irons jouir de ses derniers soupirs. — Mais ce ne sera pas nous qui lui donnerons la mort. — N’en aurons-nous pas été les causes ? — Quelle différence, dit Zulma, le crime des loix n’est plus le nôtre. — Mais, nous l’autorisons. — Nous ne le commettons