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révoltée de son insolence et de son libertinage, et dévorée de l’affreux remords de ne s’être, pas tuée, plutôt que d’avoir (quoique malgré elle) servi de plastron à d’aussi affreuses débauches.

Cependant son état était trop horrible pour ne pas faire usage de tout ; Justine se ressouvient de Saint-Florent ; il est impossible, se disait-elle, que cet homme puisse me mésestimer relativement à la conduite que j’ai eu avec lui ; je lui ai rendu un service assez important, il m’a traité d’une manière assez barbare pour imaginer qu’il ne refusera pas de réparer ses torts envers moi dans une circonstance aussi essentielle, et de reconnaître, en ce qu’il pourra du moins, ce que j’ai fait de si honnête pour lui ; le feu des passions peut l’avoir aveuglé aux deux époques où je l’ai connu, mais il est mon oncle ; et dans ce cas-ci, nul sentiment ne doit l’empêcher de me secourir. Me renouvellera-t-il ses dernières propositions ? mettra-t-il les secours que je vais exiger de lui au prix des affreux services qu’il m’a expliqués ? Eh bien ! j’accepterai ; et une fois libre, je trouverai bien les moyens de me soustraire au genre de vie abominable auquel il aura eu la bassesse de m’engager.